Pour Alain Cayzac, pas de doute, le club de la capitale vit ses heures les plus noires, tant sur le plan sportif qu'extra-sportif avec le décès d'un supporter jeudi. Le président du PSG en a "honte" et précise toutefois qu'il ne décidera pas du sort de Guy Lacombe avant le match contre Nantes.
ALAIN CAYZAC, quel est votre sentiment après le drame de jeudi soir?
A.C: Le club vit un moment dramatique. Je suis bouleversé car c'est la première fois dans l'histoire du club qu'il y a un mort. Le fait que cela se soit passé en dehors de l'enceinte du stade ne change en rien la face des choses. Il y a un mort et un autre supporter gravement blessé. Ma première pensée est une pensée de compassion envers la famille de ce jeune homme. Je pense aux gens qui l'aimaient. Tout le reste est secondaire par rapport à ce drame.
Est-ce la période la plus sombre de l'histoire du PSG?
A.C: Oui. Il y a eu des moments très durs. J'ai tout connu, mais un mort jamais. C'est évidemment la période la plus triste. Quand on voit ça, si on n'est pas un peu costaud, on a envie de rentrer chez soi et tout lâcher. Mais je ne le ferai pas parce que je suis responsable et parce que j'ai vu des supporters en pleurs ce matin. C'est pour eux que je veux continuer à me battre. Aujourd'hui, j'ai honte. Le PSG va sortir affaibli de ce drame.
Comprenez-vous l'attitude des supporteurs vendredi matin au camp des Loges (altercation avec joueurs et journalistes)?
A.C: Quand on est bouleversé comme le sont les supporteurs, il arrive qu'on ait du mal à garder son sang-froid et ses nerfs. Le ton est monté comme il est normal qu'il monte. Je tiens à ce que, dans ces circonstances, il y ait des contacts directs entre les joueurs et les supporteurs.
La crise au PSG est donc réelle...
A.C: Cela va bien au-delà. On est au plus mal. Dans ces cas-là, deux solutions s'offrent à nous: soit on baisse les bras et la dégringolade peut aller très, très vite, soit on réagit avec énergie et détermination pour que la situation se rétablisse. J'attends des joueurs qu'ils montrent dimanche à Nantes que le Paris SG n'est pas sportivement mort.
Mais n'est-il pas déjà trop tard?
A.C: Non. On n'a pas le choix de toute façon. Le groupe est ce qu'il est. Même si je le souhaitais, le groupe ne peut pas changer dans l'immédiat. Ce qu'il faut, c'est que chacun se retrousse les manches et qu'on arrête de ne parler que de l'entraîneur car les joueurs ont aussi leur part de responsabilité. C'est facile de trouver des boucs émissaires.
Pensez-vous encore que Guy Lacombe est l'homme de la situation?
A.C: Je refuse de répondre à cette question. J'aimerais d'ailleurs que la soirée d'hier ne se résume pas à: "Faut-il virer Lacombe?" ou "Ne faut-il pas virer Lacombe?" Je trouve ça dérisoire par rapport à la mort d'un homme.
Donc pas de changement en vue...
A.C: Je ne suis pas conservateur à tout crin. Je ne suis pas en train de dire que je suis content et que rien ne va changer. Mais après Bordeaux, j'avais dit que je ne souhaitais rien faire avant deux matches. J'espérais que les joueurs relèvent la tête hier, ça n'a pas été le cas et je ne peux pas dire que je sois rassuré. Mais je ne déciderai rien et ne dirai rien avant la 93e minute du match de Nantes.
Les joueurs ont-ils lâché l'entraîneur hier soir?
A.C: Non. Je suis peut-être naïf mais je les aime trop pour les croire capables de cela. Que certains adhèrent ou non à certains choix de l'entraîneur, qu'ils n'aient pas envie d'aller en week-end ou dîner avec lui, probablement. Qu'ils n'aiment pas leur entraîneur ou leur président, je n'en ai rien à foutre. Ce que je veux, c'est qu'ils aiment le club. Mais peut-être qu'ici, il faut des joueurs plus guerriers qu'ailleurs. Peut-être aussi que lors des recrutements futurs, il faudra que je sois plus attentif à la faculté d'adaptation rapide des joueurs.
De quoi le PSG a-t-il le plus besoin?
A.C: Si j'ai un mot à mettre en exergue, ce serait courage. Le président, l'entraîneur et les joueurs doivent être courageux pour inverser la tendance. Un courage physique et moral, celui de ceux qui sont dans le trou et qui veulent s'en sortir. Les joueurs n'ont pas assez la haine de la défaite. C'est inadmissible. Et soit on arrive à l'inculquer aux joueurs qui sont là, soit il n'y aura plus un joueur qui viendra au PSG qui n'aura plus la haine de la défaite.