Que reste-t-il de Nantes?

Englué dans la zone des relégables, Nantes n'a gagné que deux matches en 17 journées. La rencontre face au Mans (0-0) a confirmé la profonde crise identitaire traversée par le FCNA. Après avoir frôlé la correctionnelle il y a deux ans, pourra-t-il éviter cette fois encore le purgatoire? Pas sûr...

La maison jaune n'en finit plus de vaciller sur ses fondations. Elle craque de partout. Les murs s'effritent, quand ils ne s'écroulent pas. Les vitres volent en éclats. Les poutres tombent. Même les fondations, si solidement établies pendant plus de quatre décennies, ne suffisent plus à supporter l'édifice. Le FC Nantes Atlantique est un chef d'oeuvre en péril. Après avoir réchappé par miracle à la relégation en mai 2004, il se trouve à nouveau au bord du précipice. Auteur du pire départ de leur histoire, les Jaunes ne comptent que 13 points et deux victoires en 17 journées. Pathétique.

La Beaujoire ne fait plus peur à personne. Même Le Mans, qui voilà encore quelques années aurait eu l'air d'un nain à côté du géant jaune, fait aujourd'hui figure de gros bras quand il se déplace à Nantes. C'est un fait, les Sarthois sont footballistiquement un cran au-dessus des Nantais désormais. Comme presque tout le monde. Avec un peu plus d'audace et de réussite (un but valable refusé), ils auraient même pu quitter la Loire-Atlantique avec trois points samedi soir. Mais si ce match nul (0-0) leur laisse quelques regrets, il n'autorise en revanche que peu d'espoirs pour le FCNA, qui espérait, enfin, se relancer.

Droit dans le mur

Sauf miracle, Nantes sera relégable à mi-parcours. A ce rythme, il a toutes les chances de le rester en fin de saison et de connaître la première descente de son histoire. Forcément, les amoureux du jeu à la nantaise ont mal aux tripes, au coeur et à la tête. Ce jeu estampillé maison, qui a suscité tant de plaisir sur les bords de l'Erdre et de jalousie partout ailleurs, fait bien rire aujourd'hui. "On ne s'en sortira que par le jeu", martelait en son temps Raynald Denoueix, en cas de période délicate. Mais les Canaris n'ont plus de fond de jeu sur lequel s'appuyer. Alors ils rament, car la révolte n'a jamais été une vertu du cru. Tout avait toujours été si facile ici...

Trop de gens ont dilapidé le précieux héritage depuis une dizaine d'années. Le FCNA a oubliait d'où il venait et surtout comment il était arrivé au sommet. Il souffre d'un actionnaire majoritaire, la Socpresse qui n'entend rien aux choses du football mais davantage à celles de la bourse. Nantes la romantique n'a pas trouvé le bon partenaire pour s'adapter aux exigences du foot moderne, économiquement parlant. Faute d'un projet cohérent, le club ne cesse de naviguer à vue, part dans tous les sens, change de stratégie tous les six mois. Et va droit dans le mur, même pas en klaxonnant.

Roussillon rime avec Gripond

Les douloureuses leçons d'un passé pourtant récent n'ont pas été retenues. Au soir du sauvetage miraculeux en Ligue 1 face à Metz, la pelouse de la Beaujoire fut envahie par la foule comme un soir de titre. Mais le public gueulait davantage son soulagement que sa joie. Il aurait fallu analyser les erreurs commises, tout remettre à plat et repartir de l'avant. Au lieu de quoi le FCNA n'a rien changé. Le changement de président? Roussillon rime avec Gripond et personne n'a vu la différence. Oui, il y a bien quelque chose d'inexorable dans la descente aux enfers de cet ancien géant devenu nabot.

Alors, qui peut encore sauver ce qui peut l'être? Les joueurs, peut-être. Mais leur manque d'inspiration n'a d'égal que leur peur, palpable samedi à la Beaujoire. "Patrick Bruel a eu un meilleur accueil au Zénith de Nantes que nous à la Beaujoire , souligne Georges Eo, à qui il reste au moins le sens de la formule. Les joueurs ont semblé paralysés en première mi-temps ." L'entraineur nantais ne veut pourtant pas jeter l'éponge. C'est tout à son honneur, mais son discours ne convainc pas. Il porte un nom, la méthode Coué. "Face au Mans, dit-il, nous ne prenons pas de but et nous faisons un match qui pourra nous servir plus tard." Plus tard? Mais quand? L'an prochain? Et où? En Ligue 2? Pauvre Nantes...