Que les mauvaises langues le veuillent ou non, le beau jeu n'est pas l'apanage du seul Lyon. Dimanche, Lille, 3e, et Saint-Etienne, 5e, ont livré un match digne de leur rang (2-2). Le public du Stadium Nord a vu des buts et du spectacle, et surtout un LOSC qui démontre qu'il n'est pas là par hasard.
LILLE - SAINT-ETIENNE : 2-2
Buts : Bodmer (22e) et Keita (52e) pour Lille - Ilan (9e et 66e) pour Saint-Etienne
Dans quel état de forme et d'esprit Lille allait-il aborder la rencontre, quatre jours après son exploit milanais? Au final, plutôt bien. Claude Puel avait annoncé que le match face à Saint-Etienne était le plus important de la semaine et il avait donc préparé ses joueurs en conséquent. Il faut dire que les Verts n'ont plus gagné en terre nordiste depuis 1993 et restent sur quatre revers en autant de confrontations la saison passée. L'invincibilité demeure toujours un challenge à considérer.
Saint-Etienne n'est certes pas Milan, mais aux yeux des Dogues, le traitement réservé reste le même: ne rien lâcher encore et toujours. Mais lorsque l'adversaire n'est pas décidé à se laisser faire, les Lillois savent désormais laisser l'orage passer. Dominés en début de rencontre après pourtant une première occasion sur le poteau pour Odemwingie (4e), les Dogues étaient même contraints de courir après le score (1-0, but d'Ilan 9e). Pressé haut, le LOSC peinait à développer son jeu tandis que Saint-Etienne multipliait les contres grâce à un intenable Piquionne.
Lille ne s'affole plus
Si le monopole du ballon était lillois, les automatismes, eux, étaient sans doute restés sur la pelouse de San Siro. Des ballons bêtement perdus, des dernières passes qui ne trouvent pas de partenaires: de quoi agacer n'importe quelle équipe restée sur son nuage européen. Mais pas le Lille de Claude Puel, équipe à la tête bien vissée sur les épaules. C'est peut-être ce manque de médiatisation si souvent déplorés par les joueurs et dirigeants qui en est involontairement à l'origine...
Loin de se prendre pour un autre, le LOSC ne panique plus dans des situations qui pourraient lui échapper. A force de patience, Makoun et les siens finissent désormais par trouver des solutions. Et le jeu sourit toujours à celui qui lui fait honneur (1-1, but de Bodmer 22e). C'est aussi ça la marque d'une équipe qui arrive à maturité: ne jamais s'affoler et savoir sentir le vent tourner. Car l'égalisation en poche, Lille profitait de la baisse de régime des Foréziens pour hausser le rythme. Plus vite, plus haut et presque plus fort pour des Dogues qui aurait fait mordre la poussière aux Verts sans une double parade de Janot devant Cabaye et Chalmé (26e).
Tout d'un grand?
Loin d'être venus faire de la figuration ou se contenter du nul, les hommes d'Ivan Hasek, sous la houlette d'un Piquionne remuant, ont tout tenté pour déstabiliser leurs adversaires. Pressing haut, contres explosifs ou coups de pied arrêtés. Mais rien ne semble pouvoir troubler la sérénité lilloise à présent. De plus, si la défense reste une solide base, l'attaque s'est trouvé un tandem de choc dont l'entente porte ses fruits. Odemwingie sait désormais jouer les altruistes pour Keita auquel il offrit le second but (52e).
Un but récompensant la rapide remise en jambes des hommes de Claude Puel qui, comme après l'égalisation, accéléraient pour faire le break. Mais les organismes finiraient bien par payer la débauche d'énergie accumulée à Milan et en première période. Un coup de mou dont profitait Piquionne, mis sous l'éteignoir depuis la reprise, pour placer Ilan sur orbite (66e). Accusant le coup physiquement en fin de match, les Lillois donnaient tout en défense pour sauver le nul avant un dernier coup d'accélérateur dans les arrêts de jeu.
Pousser jusqu'au bout sans se désunir, le LOSC était connu pour ses vertus défensives, il sait désormais se montrer séduisant en attaque par son jeu à une touche de balle. En moins d'une semaine, les Dogues ont parfaitement géré physiquement et psychologiquement deux rendez-vous importants avec en poche un billet pour les 8e de finale de la Ligue des champions et une 3e place en Championnat. La bande à Claude Puel a peut-être finalement bien tout d'un grand... la discrétion en plus.
LA DECLA : Jérémie Janot (Saint-Etienne)
"On s'était dit en regardant leur match mercredi que ce serait dur, ça l'a été mais on prend quand même un point qu'on va savourer. Lille a été très bon mais on a fait le match qu'il fallait. Bodmer est vraiment au-dessus en ce moment. Jusqu'à la dernière minute chacun a essayé de l'emporter. Notre meilleur match à l'extérieur c'était à Lyon, malheureusement on avait perdu (2-1), là on est dans la continuité de ce qu'on avait réussi à cette occasion. Le prochain match contre Valenciennes sera un peu particulier pour moi, c'est là-bas que j'ai commencé le foot. Je n'ai jamais joué contre eux et j'attends même le 9 mai (Valenciennes-Saint-Etienne) avec impatience: ça fait 25 ans que j'attends de jouer à Nungesser."
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