Michel Platini ou Lennart Johansson ? Suspense. C'est vendredi à Düsseldorf que sera élu le nouveau président de l'UEFA. La tension monte et les petites phrases commencent à pleuvoir à moins de vingt-quatre heures d'un scrutin à suivre vendredi matin en live vidéo sur notre site.
Un monde sépare les deux candidats. D'un côté, le Suédois Johansson, 77 ans, en poste depuis 1990. Ce grand argentier des années fastes, qui avait annoncé sa retraite avant se représenter, met en avant le "revenu de plus de 5 milliards d'euros depuis 1992-93" généré par la seule Ligue des Champions, compétition phare de l'UEFA. De l'autre, le Français Platini, 51 ans, ancien numéro 10 vedette des Bleus, veut redonner sa "primauté au jeu" et redistribuer les cartes, comme lorsqu'il entend ramener de quatre à trois le nombre de clubs anglais, italiens et espagnols qualifiés pour la Ligue des Champions, si chère à Lennart Johansson.
Aucun congrès électif de l'UEFA n'a jamais été aussi excitant. En témoignent les coups d'intox et les petites phrases qui résonnent encore dans les couloirs de l'hôtel Hilton de Düsseldorf (cadre du comité exécutif, préambule mercredi du XXXIe congrès de l'UEFA): rien à voir avec l'ambiance feutrée qui règne habituellement dans les coulisses de l'instance européenne de football. Relayée par une agence de presse, une source anonyme interrogée dans le camp de Johansson a ainsi assuré posséder 36 voix sur 52 (le corps électoral étant composé des présidents des fédérations formant l'UEFA).
L'heure de l'intox
Le responsable presse de Platini, François Manardo, a d'abord dénoncé une "manoeuvre de déstabilisation d'amateurs", avant que l'ancien joueur de la Juventus ne réponde lui-même par l'ironie: "Moi, j'ai 42 voix pour moi, mais je reste anonyme..." Et M. Johansson de glisser, placide, avant de se rendre à un dîner officiel : "Je n'ai rien contre Michel Platini, mais il n'a pas d'expérience". "Platoche" est resté zen, affirmant de son côté: "Je ne suis pas tendu, j'ai connu des moments plus difficiles dans ma carrière de sportif". L'ancien maître ès-coup franc de l'équipe de France peut déjà se targuer d'une petite victoire puisqu'il a réussi à asseoir sa crédibilité de candidat, alors qu'il était donné largement perdant l'été dernier par les observateurs.
Au début de la campagne, son glorieux passé sur le terrain, son charisme et son jeune âge -comparé à M. Johansson - ne pesaient pas lourd face aux réseaux tissés par le Suédois du haut de ses quatre mandats de quatre ans. Mais aujourd'hui, aucun observateur ne se risque à prédire une répartition des 52 voix. "C'est toute la difficulté de ce scrutin, qui concerne de grands électeurs, où il n'est pas possible de jouer sur une opinion publique, où le contact personnel compte avant tout, analyse Jean-Louis Valentin, conseiller du candidat français. Mais il ne faut pas oublier que Michel Platini est aussi un dirigeant sportif (vice-président de la FFF depuis 2001, membre du comité exécutif de l'UEFA et de la FIFA depuis 2002) ce qui fait qu'aujourd'hui il a sa chance".
Une autre légende du ballon rond, Franz Beckenbauer, qui soutient M. Johansson, tout comme la fédération allemande, semble lui-même accréditer la thèse d'un score final serré. " Le plus important est ce qui va se passer après l'élection : il ne peut y avoir aucun schisme au sein de l'UEFA", a ainsi mis en garde "le Kaiser", lui-même pressenti un temps comme candidat possible à l'élection, avant de renoncer. Peu de fédérations se sont déclarées officiellement pour l'un ou l'autre candidat. La balle est dans le camp des nombreux indécis. A eux d'orienter le jeu vendredi.