Fabio Cannavaro a été sacré Ballon d'Or 2006. Le défenseur italien, auteur d'une énorme Coupe du monde et titré avec la Squadra Azzurra, devance Gigi Buffon et Thierry Henry. Le Madrilène est le troisième défenseur de l'histoire à remporter la distinction individuelle majeure.
Au début de l'année 2006, si un individu était venu prédire à Fabio Cannavaro qu'il remporterait la Coupe du monde et deviendrait le 51e Ballon d'Or de l'histoire onze mois plus tard, l'Italien aurait sans doute eu une réaction d'étonnement voire de suspicion quant à la santé mentale de l'auteur de cette prophétie. Evidemment, Cannavaro espérait remporter le Mondial allemand et avait des raisons d'y croire. Mais pour ce qui est de la récompense individuelle la plus prestigieuse du football européen, celui qui était encore à la Juventus Turin la saison dernière n'aurait certainement pas cru être en mesure de succéder à Ronaldinho, sacré en 2005.
Il faut dire que Fabio Cannavaro a un défaut quasiment impardonnable dans le football moderne : celui d'être défenseur. En temps normal, on ne donne pas de Ballon d'Or aux défenseurs. Mis à part Franz Beckenbauer (1972 et 1976) et Matthias Sammer (1996), arrières centraux volants sachant également attaquer et marquer, on n'a jamais récompensé la fougue, la maîtrise ou la classe d'un Paolo Maldini. Fabio Cannavaro est venu venger le légendaire capitaine du Milan AC. 100% défenseur ne passant la ligne médiane que lorsqu'il en est forcé, le capitaine de la Squadra Azzurra a effacé cinq décennies de frustrations pour ceux qui sont souvent réduits à leur fonction de destructeurs du jeu adverse.
Pas très grand, pas très lourd...
Fabio Cannavaro est bien plus que cela. Agé de 33 ans, le stoppeur a toujours séduit là où il est passé. Que ce soit à Naples (1991-1995), à Parme (1995-2002), à l'Inter Milan (2002-2004), Turin (2004-2006) ou encore au Real Madrid (2006- ?), l'Italien aux 105 sélections a étalé toutes ses qualités. Des qualités exceptionnelles pour un gabarit ô combien commun. Pas très grand (1,76m), pas très lourd (75 kg), Cannavaro a toujours compensé avec sa tête, sa science du placement, de l'intervention et également un excellent timing dans le jeu de tête. Il l'a prouvé cet été du côté de l'Allemagne.
Durant un mois, Fabio Cannavaro a réalisé tout ce que n'importe quel footballeur rêverait de vivre : une Coupe du monde parfaite. Avec ses coéquipiers Andrea Pirlo, Gigi Buffon ou Fabio Grosso, l'Italien a porté la Squadra Azzurra sur ses épaules et emmené son pays au paradis, à l'issue d'une nuit berlinoise inoubliable. Champion du monde, deuxième meilleur joueur de la compétition derrière Zinedine Zidane, le Madrilène a marqué l'essentiel de ses points dans la course au Ballon d'Or de l'autre côté du Rhin.
La palme du Mondial
Comme chaque année paire, et plus particulièrement de Coupe du monde, la prestigieuse récompense est revenu au joueur qui a brillé durant l'été. Après Lothar Matthaus, Hristo Stoichkov, Zinédine Zidane ou encore Ronaldo, pour ne citer que les derniers, le Ballon d'Or revient donc une nouvelle fois en 2006 au joueur qui a marqué le Mondial. La deuxième place de Gigi Buffon en est une preuve supplémentaire. Pour le reste, on ne peut pas dire que Fabio Cannavaro ait réussi, du point de vue de la régularité, la meilleure saison de sa carrière. Ses premiers mois au Real sont là pour en témoigner. Son année 2006 a également été marquée par le scandale de la Juventus Turin, rétrogradée pour avoir triché et délestée de son Scudetto 2006.
Sur le plan de la régularité et sans chauvinisme primaire, Thierry Henry aurait sans doute bien plus mérité le sacre. Meilleur buteur de la Premiership, finaliste de la Coupe du monde et de la Ligue des Champions, le Français d'Arsenal a été de tous les combats et s'est montré sous son meilleur jour sur l'ensemble de l'année 2006. Des voix se sont d'ailleurs déjà élevées pour décrier la victoire de Fabio Cannavaro. "Année après année, Thierry marque plus de vingt buts, a confié Gérard Houllier dans les colonnes du JDD. Son club va en finale de la Ligue des Champions. Lui va en finale de Coupe du monde tout en marquant huit buts dans la saison avec les Bleus... " Même son de cloche du côté de son prédécesseur à la tête des Bleus, Michel Platini. "Le Ballon d'Or aurait dû revenir à Thierry Henry ou Ronaldinho. S'il fallait récompenser le meilleur de la Coupe du monde, c'était à Gigi Buffon qu'il fallait le donner... " Le débat est ouvert. Mais ne gâchera pas la joie de Fabio Cannavaro.
LE CLASSEMENT :
1. Fabio Cannavaro (Real Madrid, Italie) 173 pts
2. Gianluigi Buffon (Juventus Turin, Italie) 124
3. Thierry Henry (Arsenal, France) 121
4. Ronaldinho (FC Barcelone, Brésil) 73
5. Zinédine Zidane (Real Madrid, France) 71
6. Samuel Eto'o (FC Barcelone, Cameroun) 67
7. Miroslav Klose (Werder Brême, Allemagne) 29
8. Didier Drogba (Chelsea, Côte d'Ivoire) 25
9. Andrea Pirlo (AC Milan, Italie) 17
10. Jens Lehmann (Arsenal, Allemagne) 13