Heureux de son élection à la tête de l'UEFA, Michel Platini a rendu hommage aux "monstres sacrés" qui l'ont inspiré mais se penche déjà vers l'avenir et est conscient que la tâche ne sera pas de tout repos. Mais l'ancien numéro 10 des Bleus sait ce qu'il veut : "redonner ses valeurs au football."
MICHEL PLATINI, qu'auriez-vous fait en cas de défaite ?
M. P. : Cette campagne, ça aurait pu être mon testament en cas de défaite, car je n'aurais pas pu rester plus longtemps dans les instances, je pense.
Que vous inspire cette victoire ?
M. P. : Cela ne s'est pas joué à grand chose. Les gens savaient que je suis moins politique. Mais l'important est de redonner ses valeurs au football, qui est avant tout un jeu, avec la beauté des artistes... Le plus dur est devant moi. Je ressens beaucoup d'émotions, une grande satisfaction d'avoir mené une bataille qui a toujours été correcte. Je me suis surtout évertué à garder une voie, à rester serein, rester libre. J'ai toujours été clair dans mes idées, mes buts, ma philosophie. Je n'ai pas dévié d'un seul centimètre. J'ai essayé de convaincre les gens qu'il faut moderniser nos idées.
Et si vous comparez ça à des joies de footballeur ?
M. P. Là, c'est une victoire politique. Avant je me défendais, mais là c'est convaincre des gens que je peux répondre à leurs questions sur l'avenir.
Que représente pour vous l'Europe du football ?
M. P. : Avec l'Europe du football, j'ai vécu ses trophées, ses drames, sa vie. Et tout cela, je l'ai vécu depuis tout petit.
Quels sont les grands défis maintenant ?
M. P. : Il va falloir créer une structure pour éviter que des gens de la famille du football, qui ne sont pas contents, aillent devant des juges, des tribunaux.
Quels ont été vos inspirateurs pour votre philosophie ?
M. P. : Je remercie les monstres sacrés du football qui m'ont permis de façonner ma philosophie, avec les questions d'humanité, du social. Il y a d'abord Jacques Georges, Fernand Sastre avec qui j'ai organisé la Coupe du monde (1998) et j'ai toujours une grande affection pour Jean-Luc Lagardère qui m'avait apporté son soutien. Et puis il y a la personne qui m'a donné la liberté, la possibilité, la renommée: "l'avocat" Agnelli qui a été mon parrain, mon grand ami à la Juventus. Avec lui, je me suis rendu compte que les gens les plus grands sont les plus simples dans la vie.
Garderez-vous Lars-Christer Olsson comme directeur général, alors qu'il était dans le camp de M. Johansson, votre adversaire ?
M. P. : Je me suis battu. M. Olsson a fait son boulot. Il n'y a pas encore de décisions pour le personnel. Attendons.
Le président de la fédération allemande Theo Zwanziger vous a taxé de "romantique social", de "rebelle" et a dit que les pays de moins de 100 habitants ont voté pour vous...
M. P. : La démocratie c'est comme ça. Et il y a des grands pays aussi qui m'ont supporté. M. Zwanziger prend ses responsabilités pour ce qu'il dit.
Que pensez-vous de la proposition de passer de 16 à 24 pays pour la phase finale du Championnat d'Europe des Nations ?
M. P. : Ma réponse est claire. On ne peut pas considérer un passage à 24 sans prendre en compte le système de qualification. Car le système de qualification est beaucoup plus important que les voeux de telles ou telles associations. Mais pour l'instant, rien n'est décidé. Une étude est en cours.
Et votre souhait de limiter l'accès à la C1 pour des pays comme l'Angleterre, l'Italie ou l'Espagne ?
M. P. : Le nouveau format de la C1, c'est en en 2009. Mais pour le calendrier de 2009-10, la décision finale n'interviendra qu'au mois d'avril. Mais c'est une de mes grandes volontés de rééquilibrer la C1.
Comment faire pour éviter une Europe des 27 qui ont voté pour vous contre une Europe des 23 qui n'ont pas voté pour vous ?
M. P. : La répartition des votes ne change rien. Je ne pense pas à ce qu'il y ait des séparations géographiques. Si on savait le détail des votes, on verrait que les voix viennent de partout. Ce n'a pas été les petits pays de l'Est contre les grands pays.